20/02/2013

L’ "éclat d’antan" du château selon le nouvel acquéreur


L'enquête publique n’a pas suscité l’enthousiasme escompté et assez peu d’avis favorables, mais a soulevé des interrogations.
La mobilisation de plusieurs associations aura permis d'apporter quelques réserves sur le projet concernant le château.

Mais cette enquête publique aura permis de lire l'intervention du gérant du château.

Revenons ainsi sur un point du Rapport de l'Enquête publique. Nous le citons ici en entier.

« 12.5.1. Intervention de M. Laury
Il convient au préalable de présenter l’intervention de M. Laury (I.24), propriétaire du château de La Bénatonnière, portée le 28 novembre (en dehors d’une permanence) sur le registre d’enquête.
Dans celle-ci, il considère que le schéma défini par la municipalité donnera un aménagement cohérent et dynamique et des services complémentaires indispensables à la commune. Il affirme en outre qu’avec le projet d’hôtellerie haut de gamme, le château retrouvera son éclat d’antan, s’intégrera parfaitement dans son environnement et que toute extension du type mobil-home est évidemment exclue. Il souligne que le projet sera créateur d’emplois directs et indirects, en dépit du contexte économique tendu.
Remarque du commissaire enquêteur : Cette intervention me paraît essentielle. Avec simplicité et concision, elle donne l’esprit dans lequel le propriétaire entend concevoir le projet, de sorte qu’elle me semble répondre aux inquiétudes et critiques qui se sont exprimées, tout en confortant les soutiens apportés. »

   Comment ne pas réagir face à cette présentation laudative et confiante, pour ne pas dire partiale ? On a vraiment le sentiment qu'il y a des écrits qui perdent en crédibilité par défaut de nuance et d'esprit critique. A moins d’être pris pour de simples gogos, on comprend mal pourquoi il y a dans l'enquête publique des personnes qu’il faut croire sur parole et d'autres qui ne méritent ni d'être crues ni d'être citées...
   La raison incite au contraire à plus de modération dans la foi... Mais si jamais la municipalité avait obtenu des garanties de la part de la société qui a racheté le château, il n'en est pas de même du simple quidam, qui a pour simple référence, soit des éléments sûrs et tangibles, soit ce dont on le fait rêver. 
   Or de projet tangible, il n'y en a pas.
   On nous renvoie donc au rêve collectif. Comment s’en contenter ?

Ce rêve tient dans une formule brillante relevée plus haut : redonner au château "son éclat d'antan" ! Une belle formule qui rassure, et qui laisse croire que cet éclat retombera sur tous. Donc tous sont appelés à valider le PLU.

C’est même une technique assez choquante car on joue sur les difficultés d’une société qui subit la crise pour nous faire croire que le sacrifice du château résoudra nos difficultés, et occulter le fait que le but n'est pas du mécénat culturel ni social mais bien commercial et lucratif : n’écoutez pas les empêcheurs de tourner en rond qui vous parlent de préservation du patrimoine mais  laissez transformer vos symboles et les demeures historiques, on promet des emplois en contrepartie.

Le gérant de la société qui a racheté le château, et qui contrairement à ce qu'écrit le Commissaire n'est donc pas le propriétaire du château (c'est un raccourci erroné) écrit dans le registre : « ...le projet du château de la Bénatonnière retrouvera tout son éclat d’antan avec une hôtellerie haut de gamme ».

SON ECLAT D’ANTAN ?

Il nous manque un maillon pour comprendre et vraiment on s'interroge : qui est cet expert pour nous parler du passé de la Bénatonnière et s’en servir pour argumenter les propres projets d'une société commerciale ?

Sur quoi se fonde-t-il pour juger de l'histoire de la Bénatonnière ?

Un homme d’affaires ne semble ni connaître ni être disposé à s’intéresser à l’histoire du château qu’il a acheté. Il a peu à dire sur son passé et pourtant il fonde son argumentation dessus, mais il a entre ses mains l'avenir de la demeure mais à ce sujet, il y a comme un flou...

L' "éclat d'antan" est une formule qui risque de faire crier les pierres, qui fait crier les vieilles pierres du château.

Quand on acquiert une vieille demeure chargée d'histoire, et si on considère qu'il n'y a pas que l'empire et les valeur de l'argent, on respecte le bien qui arrive entre nos mains. Cette vieille demeure n'est rien dans l'histoire du nouvel acquéreur, société commerciale, mais cette vieille demeure représente pourtant une part d de l'histoire de la famille qui l'a habitée durant des siècles sans la vendre jusqu’à la contrainte fiscale, mais aussi une part de l'histoire des familles du village et de la région. Savoir où investir son argent est une chose. Savoir que tout n'est pas qu'argent  est autre chose.

Or la vérité est que la Bénatonnière n'a jamais été conçue par ses bâtisseurs pour être un lieu de commerce, un "hôtel haut de gamme". Ce château n'a pas été bâti pour enrichir une activité commerciale. Le transformer en "hôtel haut de gamme" n'a pas de rapport avec son supposé "éclat d'antan". 

Mais si le nouveau gérant du château s'intéresse à l'histoire du château, et veut respecter cette demeure, il pourrait y avoir une logique à celle de respecter ses voisins qui semblent connaître cette demeure depuis un peu plus longtemps. Mais pour cela, il faudrait accepter de les rencontrer… 

Pour transformer le château, il faut les autorisations du PLU et il faut parvenir à transformer le passé et à faire taire ceux qui peuvent rappeler ce passé.

 La Bénatonnière, comme toutes les vieilles demeures, est attachée à l’histoire de ses bâtisseurs, des familles et de la terre où il est situé. Dans ses pierres sont inscrites l’histoire des personnes qui y ont vécu, qui y ont travaillé, qui y sont nées, qui y sont décédées. Non, ce château n’a pas été créé pour être une source de revenu commercial ! Qu’on ne dise pas qu’un château ne doit être considéré que sous l'aspect du capital immobilier, comme un tas de pierres ayant une valeur financière, car alors pourquoi vouloir faire un « hôtel haut de gamme » dans un château ? C’est bien parce que ces pierres représentent quelque chose qu’on s’y intéresses. C'est en raison du charme, du symbole, de la qualité du site, etc. Or justement, ce qu’il représente doit être respecté. Le passé et le prestige du château disent non à certaines activités de mauvais aloi !

Certains peuvent dire qu'ils veulent transformer le château en hôtel, qu'ils veulent le modifier en construisant par exemple une extension vers sa boulangerie mais prétendre vouloir faire vivre la Béantonnière avec l'esprit de ses bâtisseurs, cela n'est pas possible car pour cela il faut un respect qui ne se chiffre pas en argent puisque c'est une qualité morale.

Ce château n’est pas un « hôtel haut de gamme » ! Il est la demeure d’une « maison », d’une famille. Il a un caractère familial et social, et il est l’antithèse d’activité commerciale.

On le reconnait, certes oui, que la société a changé et qu'aujourd'hui l'argent a pris un pouvoir phénoménal.

Mais pour aimer l'histoire des gens, il n'y a pas besoin d'argent.
Il suffit d'avoir du coeur.

04/02/2013

lettre aux conseillers municipaux


Pour bien expliquer la contradiction entre
  • les intentions et l'engagement de la lettre du maire au Commissaire enquêteur d'une part 
  • et d'autre part ce que prévoit le PLU, 
nous reprenons ci-dessous un passage d'une lettre écrite au maire.

Cette lettre du 17/01/13 est écrite par Mme du Rivau et a été adressée à tous les conseillers municipaux, avec copie au maire.
Cette lettre manifeste la contradiction et donc les points qui doivent disparaître pour être cohérent.


"... En tout état de cause, afin d’être cohérent avec les engagements du Maire où il dit dans sa lettre : « nous avons bien conscience que l’économique ne doit pas détruire le patrimoine architectural et paysager : c’est pour cela que nous avons voulu élaborer des orientations d’aménagement pour que ce cadre ne soit pas dénaturé »

Il est donc logique et nécessaire de supprimer de la notice explicative (zone AUt et Nt, pièces N° 4 et N°5 du PLU) les conditions  qui sont en totale contradiction avec ce qui est annoncé.


 Soit, ce qui est écrit :  
« Les nouveaux bâtiments ne devront pas dépasser en hauteur le niveau des bâtiments patrimoniaux que sont le château et la boulangerie. » et  plus loin : « possibilités d’extension : une extension du château vers l’Est est admise sous réserve de respecter les éléments suivants : Modification de l’aspect des façades du château interdite, pas d’exhaussement des volumes bâtis au delà du niveau actuel de la terrasse, le  point de référence  est le point le plus haut de la terrasse au niveau de la balustrade, aménagement des caves, mais également extension de celles-ci vers le nord et le sud etc. etc. » Et dans le règlement pièce N° 5  pour la zone AUt : «  sont admises les constructions et installations nécessaires aux services publics ou d’intérêt collectif » est d’ailleurs précisé l’ aspect extérieur des constructions et aménagement de leurs abords par exemple : « toitures réalisées en ardoises et toitures terrasses autorisées »  plus loin « Occupations et utilisations du sol admises, les extensions des constructions et installations existantes sous réserve de la bonne intégration architecturale et paysagère. » et encore plus loin :   hauteur maximal des constructions « les constructions nouvelles, disjointes ou non des constructions existantes, n’excéderont pas R+1 +comble. »

Pour la zone Nt (parc du château) il est précisé « que sont autorisés les aménagements et équipements légers de loisirs et de détente » « les constructions annexes et techniques, sous réserve que leur emprise au sol n’excède pas 50m2. »  Il n’y a pas de limite au nombre de ces constructions.  

Il est bien évident, que je ne m’oppose pas à une restauration du château, de son parc et de ses dépendances, au contraire,  mais dans le respect des bâtiments existants pour le faire revivre. Ouvrir la possibilité de les rendre urbanisables pour la construction, quelle qu’elle soit, est une aberration dans la mesure où au contraire l’on devrait en renforcer sa protection en tenant compte des réalités exposées.

Je ne comprendrai jamais, pourquoi vouloir faire plaisir aux ambitions d’une société commerciale au détriment du droit privé et de ce qui existe depuis plusieurs générations, ce qui fait l’admiration de beaucoup, pour un intérêt général basé sur des promesses sans aucune garantie contractuelle (tant sur l’emploi que sur le plan économique)."

En d'autres termes, Mme du Rivau, dépositaire morale du domaine de la Bénatonnière de par sa famille qui en a été le bâtisseur, continue à défendre ce site en rappelant : 
le château et son parc doivent être respectés et préservés en raison du caractère culturel, patrimonial et environnemental. Tout ne doit pas ployer devant le lucre.